Ji Bocis interviewé par Julie Devaux
Julie Devaux est une lectrice qui m’a contacté. Elle souhaitait me soumettre une liste de questions. Pour son blog ? Non, elle n’en a pas. Pas simple curiosité personnelle, pour son « Carnet personnel »… Julie m’inspirait confiance, j’ai accepté ses conditions, un peu strictes à mon goût : pas d’enregistrement sonore, répondre à toutes ses questions sans hésiter, et ce en 15 minutes montre en main !
L’interview qui suit est la transcription exacte des notes prises par Julie. Il est publié sous son contrôle et avec son assentiment.
Qui se cache derrière le personnage de Ji Bocis ?
Je me cache ? Allons donc, écrire c’est se mettre à nu ! Quant au personnage, il est insignifiant : je ne fais pas d’esbroufe, ni sur les réseaux sociaux ni sur mon blog. Je suis un quidam qui écrit, rien de plus.
Te considères-tu écrivain ?
L’écrivain écrit, le forgeron forge… Quand j’écris, je suis écrivain.
Tu décris les sensations féminines avec une certaine justesse. Comment as-tu acquis cette connaissance ?
Oh là, là ! Eh bien, par l’écoute, la conversation, l’observation. Et chaque jour, j’apprends.
Comment apprends-tu ?
Comme tout le monde, à l’école de la vie. Mais il y a aussi l’instinct, le flair qu’on a ou pas.
Dis-m’en plus !
Cela est très personnel et ne concerne pas la littérature !
Tes histoires sont-elles vraies ?
Écrire c’est mentir.
Soit. Alors tes histoires sont-elles vécues ?
Elles peuvent drainer, ici ou là, le vague souvenir d’expériences vécues. Mais rassure-toi, j’ai quelques fantasmes et un grain d’imagination. Si j’ai une prétention, c’est celle d’écrire des contes, des fictions ; pas des documentaires, et encore moins le récit de ma propre vie.
Comment en es-tu venu à écrire des textes érotiques ?
J’ai d’abord lu. De tout bien sûr. Je n’ai rencontré la littérature érotique que plus tard. J’ai eu la chance de tomber sur de très bons textes, qui m’ont marqué. À brûle-pourpoint, puisque je dois te répondre vite, je pense par exemple à La femme de papier de Françoise Rey, à Alina Reyes, Derrière la porte, et à bien d’autres maîtresses. Ces auteur(e)s restent à mes yeux des écrivain(e)s à part entière. Ah, j’oubliais ! Il y eut aussi le texte d’un anonyme anglais rédigé au début du XXème siècle et discrètement publié dans les années 1990. Je l’ai lu plusieurs fois, mais malheureusement égaré. Là, le récit se veut entièrement autobiographique, mais il est excellent, magistral, mon préféré peut-être.
Nous voilà ramenés à l’autobiographie…
Que veux-tu que je te dise ? La femme de papier se voulait autobiographique, comme tant d’autres… Peut-on fabriquer des contes érotiques (hétérosexuels) sans fréquenter de femmes, ou du moins, sans s’intéresser aux femmes — et vice-versa si l’on est une auteure ? Et puis, nombre d’autobiographies, de carnets intimes sont des fictions déguisées. Échappe-t-on au mensonge ?
Pourquoi mets-tu en scène des femmes qui se donnent facilement, à n’importe qui ou presque ? Certaines blogueuses en sont déconcertées, voire écœurées.
D’abord, toutes mes héroïnes ne sont pas faciles, loin de là. Souvent, ces femmes ne se donnent pas, mais elles s’offrent ! Les circonstances du récit les y poussent. Et naturellement (sic), ce retournement de situation est censé être le sel de l’histoire…
Quant aux blogueuses choquées dont tu parles… je dis, avec tout mon respect, qu’elles ne comprennent pas l’érotisme en littérature. Certains de mes textes se sont trouvés par un malencontreux hasard entre leurs mains et je regrette que ma plume les ait blessées. Mais, conçoit-on des contes érotiques où les personnages ne baisent pas ? Lit-on des récits érotiques si — pour parler anglais en français — on n’aime pas le sexe ?
Maintenant, pour répondre à la question de fond, je crois que la bonne littérature érotique présente la sexualité sous un angle cru, met à jour des vérités qui dérangent, montre le désir sous son aspect le plus sauvage, au-delà de toute convention sociale, et de tout pacte sociétal (là où machisme et féminisme, renvoyés dos à dos, ne signifient absolument plus rien).
Pourquoi es-tu auto-édité ?
Disons que je me présente au verdict des lecteurs en candidat libre !
Pour le reste, il faut poser la question aux éditeurs.
Sache toutefois que mes livres électroniques en vente sur Amazon, Kobo et Apple n’ont jamais été soumis à aucun éditeur. Donc jamais refusés ou ignorés par un éditeur au préalable.
J’ai, il y a bien longtemps, envoyé des textes à quelques éditeurs. J’attends toujours leur réponse. Un seul éditeur a eu l’amabilité de donner suite par correspondance : j’ai cru comprendre que mes écrits ne trouveraient pas de public, n’étaient pas porteurs.
Heureusement, l’auto publication et, bien sûr une poignée de blogueuses et de blogueurs perspicaces, m’ont prouvé le contraire. Pour être honnête, je crois que mes textes méritent d’être mieux connus. Mais j’ai du mal à faire parler de moi. Je ne fréquente pas Facebook.
Publieras-tu un jour au format papier ?
Peut-être. Si je sens une demande chez mes lecteurs. J’adore le papier, j’écris à la plume.